Les Canaries en phase épidémique de grippe
L’archipel des Canaries est entré en phase épidémique de grippe, ce qui a conduit à la réactivation de la mesure phare de protection contre les virus respiratoires : le masque. La grippe a fait une entrée en force dans les îles à peine une semaine avant le long week-end de décembre, confirmant ainsi les prévisions de nombreux experts. Cette année, la saison grippale s’est en effet anticipée d’au moins un mois. Derrière cette précocité se cache l’émergence inattendue d’une variante plus contagieuse : une mutation du virus A H3N2.
Un seuil épidémique franchi avec une hausse brutale des cas
Dans ce contexte, les Canaries ont activé le scénario 1 de risque, qui correspond au niveau le plus bas ou modéré. Cette décision fait suite à une augmentation de 42,1% des contaminations en une seule semaine, atteignant 74,6 cas pour 100 000 habitants. Ces données, publiées hier, correspondent à la dernière semaine de novembre et démontrent que le syndrome grippal s’est avancé de quatre semaines. Deux sous-types du virus grippal A se disputent actuellement l’hégémonie des contaminations. D’un côté, le H1N1, qui a circulé ces dernières années et reste majoritaire pour le moment dans l’archipel.
La menace d’une variante mutée : le H3N2 K
Mais cette année, la poussée des cas – observée d’abord dans des régions comme le Pays basque – est liée au virus H3N2 et, plus précisément, à l’une de ses variantes mutées : le sous-clade K. En Europe, près de la moitié des contaminations sont dues à cette sous-variante. Aux Canaries, il est difficile de confirmer sa prédominance. Bien que quelques cas de H3N2 aient été détectés, plus de 60% des cas sont de la grippe A H1N1 et quelques autres de la grippe B. Le rapport souligne également que la grippe domine désormais le paysage viral. D’autres virus respiratoires en circulation affichent en effet des taux d’incidence minimes. Le Covid-19 se situe à 2,8 cas pour 100 000 habitants, tandis que la bronchiolite aiguë (Virus Respiratoire Syncytial) atteint à peine 4,2 cas pour 100 000 habitants.
Les jeunes enfants, premières victimes de la recrudescence
Pour l’instant, les plus touchés par cette recrudescence sont les bébés et les enfants de 0 à 4 ans. Dans cette tranche d’âge, on compte 4 446 cas pour 100 000 habitants, soit une augmentation de 16% par rapport à la semaine précédente. Les cas ont également fortement augmenté chez les enfants de 5 à 14 ans, avec 1 449 cas pour 100 000 habitants, en hausse de 31%.
Scénario 1 : les premières recommandations, dont le masque
À ce niveau de risque, la Direction de la Santé Publique du gouvernement régional applique certaines recommandations pour la population, essentiellement destinées à protéger les personnes vulnérables et à éviter les formes graves de la maladie. Ainsi, tout en continuant à promouvoir la vaccination, ce premier scénario recommande, nouveauté, le port du masque chirurgical aux personnes présentant des symptômes grippaux ainsi qu’à tous ceux qui se rendent dans des zones spécifiques des hôpitaux ou des résidences pour personnes âgées. Dans les hôpitaux, son usage est donc recommandé au personnel soignant, aux patients et aux accompagnants dans les salles de chimiothérapie, les unités de transplantés, les salles d’urgence et les services de réanimation. Il appartiendra à chaque établissement de décider d’étendre cette mesure à d’autres zones. Dans les centres médico-sociaux, les personnes vulnérables seront réinstallées pour éviter tout contact avec les travailleurs susceptibles d’avoir la grippe. Si cela n’est pas possible, il est recommandé, si les conditions le permettent, de mettre la personne en arrêt de travail pendant les 5 premiers jours suivant l’apparition des symptômes. Une fois réintégré, le port permanent du masque devra être maintenu jusqu’à la disparition complète des symptômes.
Les scénarios d’alerte supérieurs et les mesures envisagées
Si dans les prochaines semaines, les Canaries dépassent le seuil de 157,42 cas de grippe pour 100 000 habitants, elles passeront en seuil moyen, correspondant au scénario 2. L’année dernière, ce seuil n’a été dépassé que pendant les deux premières semaines de janvier, au pic de la courbe épidémique. Ce scénario impliquerait d’étendre la recommandation du port du masque pour qu’il soit utilisé de façon permanente aussi bien dans les résidences que dans tous les établissements de santé, y compris les pharmacies, les centres de santé et les hôpitaux. Cette recommandation s’étendrait, dans la population générale, aux personnes vulnérables et à risque, ainsi qu’à celles présentant des symptômes. Dans les centres médico-sociaux, la restriction des visites pourrait être envisagée, et dans les hôpitaux, l’activation des plans de contingence, ainsi que l’augmentation des capacités des services d’urgence et de réanimation, si nécessaire.
Des scénarios critiques hérités de la période Covid
Les Canaries envisagent la mise en œuvre de mesures supplémentaires si un seuil de 218,02 cas pour 100 000 habitants était dépassé – un seuil qui n’a plus été atteint depuis les années les plus dures de la pandémie de Covid-19. L’archipel entrerait alors dans un scénario d’épidémie élevé, dénommé 2+, légèrement plus strict que le précédent. Cela signifierait qu’en plus de toutes les mesures précédentes, le port du masque deviendrait obligatoire de façon permanente pour tous les travailleurs des centres médico-sociaux et sanitaires. Dans les résidences, cependant, son utilisation ne serait pas recommandée pour les résidents âgés, sauf s’ils présentent des symptômes compatibles avec une infection respiratoire.
Enfin, si le seuil de 251,77 cas pour 100 000 habitants de syndrome grippal était franchi, les Canaries passeraient en scénario de risque très élevé, ou 3. Dans cette situation, une coordination extraordinaire entre les territoires serait activée, via des réunions plénières du Conseil Interterritorial du Système National de Santé. Les autorités sanitaires pourraient alors établir des mesures exceptionnelles pour contrôler la transmission dans certains contextes ou groupes particulièrement exposés.


