Condamnations unanimes après des attaques contre la conseillère au Tourisme
Le président du gouvernement des Canaries, Fernando Clivajo, et l’Association canarienne de la location touristique (Ascav) ont exprimé leur rejet des attaques subies par la conseillère au Tourisme et à l’Emploi, Jéssica de León, pendant l’examen de la Loi d’Ordonnancement Durable de l’Usage Touristique du Logement. Cette loi, aussi appelée Loi sur la Location Touristiques, a été approuvée par le Parlement régional le 12 novembre. Jusqu’à présent, ces attaques et menaces, qui auraient commencé cet été, n’avaient pas été rendues publiques.
Violence injustifiable malgré un profond désaccord
L’organisation patronale du secteur a manifesté dans un communiqué sa “répulsion la plus absolue” envers “toute forme de violence”. Bien que l’association affirme “comprendre et même partager le malaise, le désespoir, la peur et l’indignation que subissent des dizaines de milliers de familles canariennes et de résidents” à cause de la loi, elle souligne qu'”en aucun cas ils ne justifient la violence”. Ces réactions font suite aux révélations du vice-président du gouvernement, Manuel Domínguez, dans une interview à Radio Sintonía. Il a dénoncé que Jéssica de León avait subi plusieurs jets de pierres contre sa maison et sa voiture, ainsi que des menaces et des insultes sur les réseaux sociaux pendant l’adoption de la loi.
Un large front politique contre l’intimidation
La situation a été critiquée par l’ancien président des Canaries et ministre de la Politique territoriale, Ángel Víctor Torres, qui a publié sur son compte X (anciennement Twitter) : “Les divergences en politique sont légitimes, la violence, jamais. Nous condamnons ces faits, catégoriquement, c’est inacceptable”. De son côté, la conseillère a expliqué hier avoir déposé “deux plaintes pour menaces voilées” et a reconnu que leurs auteurs “ne représentent pas l’ensemble des citoyens”. Elle a aussi exprimé sa confiance dans la possibilité de maintenir un débat serein malgré les désaccords sur cette loi.
Fernando Clavijo, qui a également montré son soutien à la conseillère, a nuancé : “Ce n’est pas une loi de Jéssica, la conseillère au Tourisme, c’est un projet de loi du gouvernement des Canaries et du Parlement des Canaries, qui l’a approuvée”. Tout en admettant qu’on pouvait “être plus ou moins d’accord”, il a précisé que “l’intimidation et la violence ne sont jamais justifiables, en aucun cas, dans aucun domaine”. Il a affirmé que le gouvernement des Canaries avait condamné la situation subie par la conseillère, à qui il a apporté tout son soutien, à la fois personnel et en tant que président de l’exécutif régional.
L’Ascav réclame dialogue et protection des petits propriétaires
L’Ascav demande à Fernando Clavijo d’ouvrir une voie de “compréhension, médiation, négociation et consensus pour consolider les logements touristiques” de dizaines de milliers de familles canariennes et de résidents propriétaires. L’association précise que son intention “a toujours été de défendre l’idée que le tourisme aux Canaries appartient à tous et que les familles canariennes et les résidents ont aussi le droit de participer au business du tourisme”. Elle indique également “protéger et veiller” sur l’investissement de nombreux entrepreneurs intermédiaires et gestionnaires de ces logements, ainsi que sur les emplois directs et indirects qu’ils génèrent.
Une loi qui transforme le marché et divise la société
La population canarienne a réagi avec une polarisation notable face à cette loi qui promet de transformer le paysage immobilier de l’archipel. À partir de son approbation et jusqu’en 2030, l’usage des logements à vocation touristique sera strictement limité proportionnellement à l’usage résidentiel. Dans cette lignée, il ne sera pas possible d’ouvrir de nouveaux logements vacanciers et, pendant les cinq prochaines années, les municipalités (ayuntamientos) devront élaborer leur propre planification pour décider combien, où et dans quelles conditions ces biens pourront opérer. De plus, l’ouverture de nouveaux hébergements touristiques est interdite.
D’un côté, des habitants ont été témoins de la gentrification de leurs quartiers, de l’augmentation conséquente des prix de l’immobilier et des services de la zone, et donc des difficultés accrues pour trouver un logement – déjà aggravées par la crise du logement. De l’autre, les petits propriétaires d’un ou deux logements touristiques voient menacée une activité clé pour leur économie domestique. Le respect de la loi signifie, selon eux, leur expulsion d’un marché qui resterait aux mains des grandes entreprises et corporations, sans permettre aux Canariens de participer aux bénéfices.
L’Ascav estime que “le moment est venu d’être reçue pour la première fois par le président du gouvernement des Canaries” et espère qu’un accord pourra finalement être trouvé “pour mettre fin à un débat qui s’enlise depuis plus de deux ans”.


